Le 8 février 2023 s'est tenu au Dôme le premier atelier participatif “Montée des eaux : on fait bloc?” organisé dans le cadre du parcours d’exploration “LittoBlocs”. Les participants ont pu imaginer de nouveaux usages des blocs artificiels.
Depuis le mois d’août 2022, la Fondation de France soutient le parcours “LittoBlocs”, piloté par Le Dôme et le Centre de recherche “Risques et vulnérabilités” (CERREV), destiné à faire émerger un programme de recherche sur les questions d’aménagement du littoral. Ce projet s’intéresse tout particulièrement aux installations artificielles disposées en bord de mer, sous divers angles : celui des usages et de leurs détournements potentiels ; celui des dénominations et des imaginaires qu’ils suscitent.
Après une rencontre à Bernières-sur-mer en octobre dernier, un atelier s’est tenu le mercredi 8 février 2023 en présence de Maxime Cordellier, chercheur au CERREV. Les participant·e·s y ont été invités à réfléchir comment l’être humain s’approprie le littoral à la fois comme ressource (pour la pêche, par exemple) et comme espace commun partagé par tou·te·s, à travers son paysage.
Les aménagements littoraux découlent des usages et des représentations de ce que sont des espaces “naturels”. Ces usages et ces représentations évoluent. Ils s’inscrivent donc dans une histoire sociale. Les objets du littoral ne font pas toujours l’unanimité : leur construction résulte d’un compromis entre les perspectives de développement et les perspectives de préservation de la nature.
À VOS IMAGINATIONS !
En faisant travailler son imagination, on peut réfléchir aux usages de ces blocs artificiels et s’éloigner de leurs utilisations habituelles. Disposés au milieu d’un plan d’eau ou en bord de mer, ils peuvent devenir des reposoirs à oiseaux. Répartis astucieusement dans une zone, ils peuvent former un corridor, un récif ou un lagon protégeant la faune des activités nautiques et de pêche. Recyclés ou détournés, ils peuvent servir de fondations pour des maisons sur pilotis.
Après un premier temps présentant des usages insolites des enrochements artificiels, les participant·e·s ont donc été encouragés à proposer des idées inventives, amusantes voire décalées d’utilisation des blocs artificiels. Blocs “œuvres d’art”, éducatifs ou récupérateurs de déchets, blocs parasols, plongeoirs, labyrinthes ou blocs d’accueil de biodiversité et d’aménagements pour son observation, sont autant d’idées qui ont émergé lors de cet atelier.
Parmi les idées proposées, deux ont été sélectionnées par les participant·e·s pour être développées : d’un côté, le développement de blocs béton supports de biodiversité, et de l’autre, la suppression des des blocs béton.
D’AUTRES BLOCS BÉTON… OU MOINS DE BLOCS BÉTON ?
La première propose de donner d’autres formes aux blocs. Trous, cavités et aspérités permettraient de le rendre plus “accueillant” pour les animaux et les plantes du littoral. Et pourquoi pas une forme de vague ou une ondulation pour le rendre plus esthétique ?
Polyvalent, il aurait plusieurs usages. Près de la côte, il permettrait des observations pédagogiques auprès du grand public et des scolaires. Immergé proche des côtes, il serait utile aux amateurs et amatrices de plongée et de pêche. Au large, il serait utilisé pour protéger les espèces en voie de disparition. Pour se concrétiser, cette idée nécessiterait des accords entre les différentes autorités locales et nationales, et entre les différentes parties prenantes (pêcheurs, acteurs de la protection de la nature, décideurs).
Pour améliorer la capacité d’adaptation du milieu, développer la biodiversité et reconnecter à la nature, le deuxième groupe de participant·e·s a choisi une autre voie : ne plus ajouter de bloc béton sur les lignes de côtes pour se prémunir de la montée des eaux. Impliquant le développement de nouvelles activités et de manières de vivre, cette proposition permettrait de redonner accès à un bien commun, le milieu naturel.
Les membres de ce groupe ont toutefois souligné les limites de cette proposition puisque, confrontée à la montée des eaux et sans nouvel aménagement pour s’en prémunir, les terres notamment agricoles et urbanisées se retrouveront requalifiées. Expropriation ou abandon de ces terres engendreraient des conflits sociétaux et soulèvent la question du financement de telles mesures mais la solution ne semble pas irréalisable comme le montre l’exemple de la commune de Quiberville-sur-Mer en Seine-Maritime.
On le constate, si l’idée de retirer les aménagements littoraux ne forme pas un consensus chez les participants, fondre dans la nature et le paysage les éléments de protection de la faune et de la flore et des activités humaines, semble faire partie d’un prérequis. Les questions relatives à la conception de ces ouvrages, leurs effets potentiels sur l’environnement pour leur construction, durant leur utilisation et leur recyclage, sont au cœur des préoccupations des participants. L’idée d’employer d’autres techniques et d’autres matériaux a finalement émergé de ces réflexions.
Pour aller plus loin, téléchargez les contributions des participant·e·s. Vous souhaitez participer aux réflexions et proposer d’autres idées ? Alors, rendez-vous le vendredi 14 avril à l’occasion de la 7ème édition du TURFU Festival pour le prochain atelier “Blocs béton et montée des eaux”.
Cet atelier est organisée dans le cadre du programme de recherche participative en sociologie “LittoBlocs” coordonné par le Centre de recherche “Risques et vulnérabilités” (CERREV) en partenariat avec le Centre de recherche en environnement côtier (CREC) et la Direction des patrimoines et de l'architecture du ministère de la Culture. Il est développé en association avec Le Dôme et l’université de Caen Normandie dans le cadre du label “Science avec et pour la société” décerné par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce programme bénéficie du soutien de la Fondation de France.