Colloque "Pour d'autres espèces d'espaces"
L'École supérieure des arts et médias Caen-Cherbourg lance un appel à communications pour son colloque international consacré à l'espace en arts numériques.

Le Laboratoire modulaire de l’École supérieure des arts et médias lance un appel à communication pour le colloque international “Pour d’autres espèces d’espaces : penser, produire, pratiquer l’espace en arts numériques” organisé à Caen du 13 au 15 mai 2024 en collaboration avec l’université Paul Valéry - Montpellier 3.

“L’espace de notre vie n’est ni continu, ni infini, ni homogène, ni isotrope. 
Mais sait-on précisément où il se brise, où il se courbe, où il se déconnecte
et où il se rassemble ? On sent confusément des fissures, des hiatus,
des points de friction, on a parfois la vague impression que ça se coince quelque part,
ou que ça éclate, ou que ça se cogne.” 
― Georges Perec, Espèces d’espace (1974) 


Dans cette tentative d’épuisement de l’espace que constitue “Espèces d’espaces”, Georges Perec appréhende l’espace comme “un doute” qu’il convient d’interroger. Prendre en charge l’espace, tel est précisément l’enjeu de ce colloque international porté par le Laboratoire modulaire de l’École supérieure des arts et médias Caen-Cherbourg en collaboration avec l'université Paul Valéry - Montpellier 3

Initié en 2019, ce lieu d’expérimentation sur les pratiques artistiques en environnement numérique a consacré son premier cycle de recherche-création à la notion de “spatialisation” à travers deux axes complémentaires : l’immersion et la décentralisation. Il s’agit dans ce colloque d’ouvrir la perspective et, dans la lignée perecquienne, de remettre l’espace en jeu. 

OUVRIR LA PERSPECTIVE,
REMETTRE L'ESPACE EN JEU

Explorer dans les œuvres numériques comment l’espace se courbe, se fissure, éclate, cogne, se rassemble, se confond… devient autre (Foucault, 1967). Mais aussi comment l’on passe d’un espace à un autre (physique, simulé, représenté, perçu, vécu, symbolique), comment l’on expérimente des “laps d’espace” (G. Perec, 1974) et enfin comment ces mouvements de glissement, d’écoulement, nous affectent. 

L’entreprise est sans doute incertaine, car la notion d’espace est non seulement polysémique mais fondamentalement instable : elle s’est construite à partir de la philosophie et des mathématiques, avant d’être investie notamment par la physique, la géographie, la sociologie, la psychologie, l’anthropologie, les arts… Ses acceptions ont évolué selon le contexte historique et les disciplines : étendue, dimension, milieu, intervalle de temps, distance, ensemble mathématique, surface ; “grand réceptacle” (Platon), essence de la matière (Descartes), ordre et diffusion du lieu (Leibnitz), “forme a priori de la sensibilité” et pure extériorité (Kant), support de virtualités oniriques (Bachelard, 1957), condition de la perception subordonnée au “corps propre” (Merleau Ponty, 1945), produit d’interrelations (Massey, 2005), système de relations et produit social (Lefebvre, 1974), … L’espace ne serait-il au final qu’une “variable non pertinente” (Bourdelais et Lepetit, 1986) ou au contraire, par son instabilité, son incertitude même, un concept inlassablement productif ? 

De quel espace voulons-nous parler dans ce colloque ? De l’espace de l'œuvre, de l’espace dans l'œuvre, de l’espace de réception/d’interprétation ; de l'œuvre dans une perspective topoïétique, c’est-à-dire à la fois en tant qu’espace de création et création d’espace (Guérin, 1997). Cependant c’est moins l’espace en soi que l’on entend examiner que le “faire espace” propre à l'œuvre (Maldiney, 1973). Et, à partir de l’analyse de pratiques artistiques contemporaines où les technologies numériques ne sont pas un simple outil de création mais davantage un instrument de réflexivité, nous souhaitons observer ce que cette production d’espace (Lefebvre, 1974) dit de notre monde, dans quelle politique ou poétique elle l’insère, quel système de relations/interrelations/interactions elle met à jour ; quelles formes , quels enchevêtrements, quelles marges, quels écarts elle fait expérimenter. 

Dans un esprit pluridisciplinaire et ouvert, le colloque s’adresse autant aux chercheur·se·s qu’aux artistes. Les propositions doivent comprendre : le titre de la communication, l’axe choisi parmi les 3 proposés, un résumé de 4 000 signes (espaces compris) ainsi qu’une courte biographie de l’auteur ou de l’autrice incluant ses principales publications ou œuvres récentes. Les propositions peuvent être rédigées en français ou en anglais. Les communications pourront se faire également en français ou en anglais.

Les propositions sont à envoyer avant le 30 décembre 2023 à : labo.modulaire@esam-c2.fr

ZOOM SUR
LABORATOIRE MODULAIRE

Initié en 2019 par l'École supérieure des arts et médias Caen-Cherbourg (ESAM), en partenariat avec le festival ]interstice[, la plateforme Oblique/s, l'Espace multimédia Gantner et Le Dôme, le Laboratoire modulaire entend interroger la notion de "spatialisation" en explorant les relations des dispositifs numériques à notre conception de ces espaces (environnements virtuels immersifs, réalité virtuelle, réalité augmentée, réalité mixte). Son objectif est de concevoir de nouvelles formes d’interaction sensible au sein des espaces physiques, virtuels et hybrides afin de proposer la création d’environnements, d’écosystèmes et de territoires numériques engageant le corps.

Chaque année, le Laboratoire Modulaire accueille un·e artiste en résidence de recherche et de création en lien avec les thèmes de recherche du laboratoire. Après Marion Balac (2020/2021) et Thomas Pausz (2022), c'est Ludmila Postel qui est la lauréate de la résidence 2023. 

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